Chaque année, 40 millions d’accouchements ne sont pas assistés par un personnel soignant qualifié dans les pays en développement, ce qui représente le premier facteur de risque de mortalité maternelle. La couverture vaccinale diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC3) se maintient quant à elle à 83 % en 2020, laissant 23 millions d’enfants vulnérables aux maladies à prévention vaccinale, soit 3,7 millions de plus qu’en 2019 et le chiffre le plus élevé depuis 2009.
Dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD), les États Membres des Nations Unies se sont engagés en 2015 à essayer d’atteindre la couverture sanitaire universelle d’ici 2030. Autrement dit, à faire leurs meilleurs efforts pour que toute personne bénéficie des services de santé essentiels dont elle a besoin, sans se heurter à des difficultés financières. Un engagement qui a été réaffirmé en 2019 lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle, mais qui suppose un renforcement des systèmes de santé dans tous les pays.
La notion d’accès à des services de santé, apparemment simple, recouvre en réalité des problématiques variées : accessibilité géographique, quantité et qualité des infrastructures, disponibilité de personnels qualifiés, disponibilité des médicaments, coût… Voici un petit aperçu de ces enjeux et des solutions apportées par nos partenaires.
Il existe de nombreux facteurs réduisant l’accessibilité des soins de santé.
Selon l’OMS, il manquera 18 millions de personnels de santé actifs dans le monde d’ici 2030 pour assurer une couverture sanitaire universelle.
La distance qui sépare une personne d’un centre de santé est un élément majeur de l’accès aux soins. Certains habitants de zones rurales doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour trouver des soins de base. Lorsque les transports sont disponibles, ils sont bien souvent trop coûteux pour les personnes les plus précaires.
Selon Médecins Sans Frontières, dans certains pays africains, plus de la moitié de la population vit à plus de 10 km d’un centre de soins. Au Nigéria, en moyenne, la distance parcourue par une femme enceinte pour accéder à une aide médicale est de 42 kilomètres. C’est la distance d’un marathon !
Le niveau de prise en charge des soins varie fortement d’un pays à l’autre. En outre, dans certains pays, par manque de moyens, la gratuité théorique des soins n’est pas toujours appliquée.
Selon l’OMS, plus de 930 millions de personnes (environ 12% de la population mondiale) dépensent au moins 10 % de leur budget pour payer les soins de santé. Chaque année, 100 millions de personnes tombent dans la pauvreté (i.e. franchissent le seuil de 2,10 dollars par jour) à cause de frais de santé à payer.
L’exemple de la République démocratique du Congo illustre bien l’impact de la gratuité des soins de santé. En 2018, lorsque le gouvernement a instauré la gratuité des soins en 2018 pour lutter contre l’épidémie d’Ebola, les consultations pour cause de pneumonie et de diarrhée ont plus que doublé et le nombre de naissances à l’hôpital a augmenté de 20 à 50 %. La tendance s’est à nouveau inversée lorsque les soins sont redevenus payants 3 mois plus tard.
Ruptures de stock, prix élevé de certains médicaments, maladies pour lesquelles les laboratoires n’ont pas encore mis au point de traitement… Il existe diverses raisons pour lesquelles les médicaments ne sont pas accessibles à tous et partout. On estime par exemple que 55 % des médicaments génériques sont indisponibles dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.
Dans les zones de conflit, il est encore plus compliqué d’accéder à des soins médicaux. La demande est plus forte alors que l’offre de soins est réduite à cause d’infrastructures sanitaires détruites ou endommagées, du personnel de santé qui fuit les zones de combats et des difficultés d’approvisionnement en matériel médical et médicaments.
Les actions de sensibilisation sont également essentielles en matière de prévention et d’accès aux soins. Dans de nombreux pays, les moyens déployés sont là encore insuffisants.
Selon l’OMS, la moitié de la population de la planète n’a pas accès aux services de santé essentiels.
Là encore, les inégalités sont criantes.
En 2021, un français sur quatre déclarait avoir renoncé à au moins un soin dans l’année, principalement pour des raisons financières, mais aussi par manque d’accès à un professionnel de santé.
En principe, la plupart des personnes résidant en France a droit à une protection maladie. Pourtant, pour certains publics, les dépenses non prises en charge par la Sécurité sociale, le nombre insuffisant de praticiens, le manque d'information, la complexité du système, les pratiques hétérogènes des CPAMs et la dématérialisation des services publics représentent parfois un obstacle.
Côté coût, le niveau de prise en charge en France est l’un des plus avantageux parmi les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). En moyenne, nos dépenses de santé sont couvertes à 78% par la Sécurité sociale et à 13% par les complémentaires santé, ce qui laisse 8% à la charge des patients. Mais pour certains types de soins, comme les soins dentaires, les équipements d’optique ou les prothèses auditives par exemple, ce « reste à charge » est nettement plus élevé.
Côté disponibilité, l’accessibilité moyenne à certains professionnels de santé (indicateur mesurant à la fois leur proximité et leur disponibilité, hors hôpital) s’est améliorée ces dernières années : +16% de sages-femmes, +9% d’infirmiers et +9% de masseurs-kinésithérapeutes. Mais cette augmentation s’est portée principalement sur les régions qui étaient déjà les mieux dotées, ce qui a creusé les inégalités territoriales.
Le nombre de médecins généralistes a, quant à lui, diminué en raison d’un numerus clausus (nombre d’étudiants admis en médecine) trop bas. Et là encore, les régions rurales ont été les plus touchées. Dans plus de la moitié des départements, il y a aujourd’hui 1 médecin généraliste pour 1 000 à 2 000 patients, ce qui est considéré comme insuffisant par les professionnels de la santé. Résultat : 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant.
Chez les spécialistes, le constat est assez similaire. Si leur nombre reste, lui, constant (alors qu’il devrait augmenter pour répondre à la demande de soins accrue du fait du vieillissement de la population), on compte 219 spécialistes pour 100 000 habitants à Paris, contre seulement 20 à 30 dans l’Eure.
Parce que toute personne devrait avoir accès aux soins, et parce que dans de nombreux pays, les efforts déployés par les autorités publiques sont insuffisants, les projets menés par des organisations non gouvernementales telles que Médecins Sans Frontières (MSF) et Médecins du Monde (MDM) sont essentiels. En effet, MSF et MDM apportent une assistance médicale à des populations dont la vie ou la santé est menacée par des conflits armés, des épidémies, des catastrophes naturelles ou du fait de la pauvreté, en France et à l’international. Elles offrent des soins de santé, forme le personnel médical localement, et témoignent des entraves d’accès aux soins.
Ces organisations contribuent également au développement de solutions nouvelles, plus adaptées aux besoins des patients. Médecins Sans Frontières a par exemple mis en place avec des partenaires, un laboratoire en kit, appelé Mini-Lab, facilement transportable et permettant de procéder à des analyses microbiologiques. L’objectif est de fournir des diagnostics de meilleure qualité, et donc d’améliorer les soins apportés au patients, lorsqu’il n’y a pas de laboratoire conventionnel accessible.
Sur un tout autre plan, la recherche joue également un rôle majeur dans l’accès aux soins, en développant des traitements nouveaux ou plus adaptés aux besoins des patients. C’est pourquoi canB s’engage aussi en soutenant la Fondation pour la Recherche Médicale.
L’OMS estime que les progrès qui seront fait afin d’atteindre la couverture sanitaire universelle entraineront d’autres améliorations permettant un développement économique sur le long terme. En effet, la bonne santé permet aux enfants d’apprendre, aux adultes de gagner leur vie, elle aide à sortir de la pauvreté.
Sources :
Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Direction de la recherché, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES)