Dépolluer les océans

L’un des enjeux majeurs actuellement au plan environnemental est celui de la pollution des océans. Petit tour d'horizon sur ce sujet…

De quoi parle-t-on ?

On parle de pollution pour désigner l’introduction de matières toxiques et de polluants nocifs tels que les déchets agricoles et industriels, les produits chimiques, les déversements d’hydrocarbures et les déchets plastiques dans les eaux océaniques.

La pollution des océans a différentes origines, essentiellement liées aux activités humaines. Il convient de distinguer la pollution réalisée de manière directe en mer (rejets de pétrole par les navires, filets de pêche abandonnés en mer qui piègent la faune marine, etc.), de celle - majoritaire - provoquée indirectement par les activités terrestres (engrais, pesticides, sacs plastiques, objets divers abandonnés sur la terre ferme, qui se retrouvent en mer sous l’effet des cours d’eau, du ruissellement de surface, des pluies et des vents).

En chiffres, ça donne quoi ?

Voici quelques données qui donne un bon aperçu de la situation d’ensemble :

• On estime que 6 millions de tonnes de produits pétroliers sont déversées chaque année dans la mer du fait des échouages, collisions entre navires et des accidents survenant dans les gisements offshore ou lors du transport pétrolier.

• 80% des eaux usées de la planète sont rejetées sans traitement préalable, gorgées de détergents, de phosphates et de métaux lourds.
• Pour les seuls déchets plastiques, on estime que l’équivalent d’un camion est déversé dans les mers à chaque minute. Chaque année, cela représente 8 millions de déchets, principalement plastiques, déversés dans les mers. Le phénomène est tellement important qu’il se forme, avec les effets des courants marins, un amas flottant, appelé vortex, de plus de 3,5 millions de km² de débris visibles et de microparticules de plastique. C’est plus de 6 fois la superficie de la France métropolitaine. Situé dans le Pacifique Nord, entre le Japon et la Californie, il est aujourd’hui désigné comme le 7ème continent. Et pourtant, on estime que les déchets plastiques visibles en surface ne représentent qu’1% du plastique abandonné en mer ! Des débris ont même été retrouvés au large de la péninsule Antarctique pourtant déserte, et dans la fosse des Mariannes, reconnue comme l’endroit le plus profond de la croûte terrestre.
• A titre d'exemple, une simple bouteille en plastique met des centaines d'années à se dégrader !

Quelles conséquences des plastiques dans l’océan ?

Le plastique met des centaines d’années à se décomposer dans l’environnement - jusqu’à à 1 000 ans selon le type de plastique ! Dès qu’il commence à se décomposer, il se fragmente en particules de plus en plus petites, parfois invisibles à l’œil nu, pouvant être transportées sur de longues distances par le vent et l’eau. Ces particules sont non-biodégradables et toxiques pour les océans.

Pour comprendre les conséquences de la pollution des océans, il faut mesurer le rôle essentiel des océans pour l’homme et son environnement :

• Les océans absorbent 30% des émissions mondiales de CO2 et produisent environ 50% de l’oxygène que nous respirons grâce au phytoplancton (ces bactéries et microalgues que l’on retrouve dans les eaux de surface) qui participe à la photosynthèse. Autrement dit, les océans sont donc indispensables à la vie sur terre ! La pollution des océans empêche le phytoplancton de réaliser cette absorption de CO2. Elle représente donc une menace pour la vie humaine et favorise le réchauffement climatique.

• Les océans représentent 90% de l’habitat naturel de la Terre et abritent des dizaines de milliers d’espèces dont la plupart restent encore à découvrir. La pollution des océans menace ainsi gravement la biodiversité et favorise la disparition d’écosystèmes parmi les plus importants de la planète. Les débris de plastique causent ainsi chaque année la mort de plus d'un million d'oiseaux et de plus de 100 000 mammifères marins.
• On considère aujourd’hui que la moitié des populations du globe dépend des produits de la pêche et que l’océan est générateur de plus de 30 millions d’emploi. 55 % des espèces de poissons que nous mangeons ont des micro-plastiques dans leur tractus gastro-intestinal. Les microparticules libérées par les déchets plastiques sont en effet ingérées par les animaux et se retrouvent ainsi dans nos assiettes. Or ils contiennent des éléments chimiques qui perturbent le fonctionnement des organismes (perturbateurs endocriniens, effets neurotoxiques, effets sur la reproduction, sur le développement, etc.). De plus, en menaçant de disparition de nombreuses espèces, c’est une grande partie de notre alimentation qui est elle aussi menacée. La pollution représente donc un risque alimentaire, sanitaire et économique très important pour des millions de personnes.

Les ODD et la protection des océans

Les États membres de l'Organisation des Nations Unies ont pris l'engagement, d'ici 2030, de prévenir et réduire nettement la pollution marine de tous types, en particulier celle résultant des activités terrestres, y compris les déchets en mer et la pollution par les nutriments.

La France dispose d’un domaine maritime de 11 millions de km², dont 97 % dans les Outre-mer. C’est le deuxième domaine maritime du monde après celui des États-Unis, ce qui lui confère une grande responsabilité vis-à-vis de l’ODD14. Elle a mis en place diverses politiques contribuant à l’ODD14, dont voici quelques exemples :

• Elle a mis en place une politique de prévention des déchets terrestre et de promotion de l'économie circulaire et s’est dotée d’une feuille de route "zéro plastiques rejeté en mer en 2025".
• Près de 450 aires marines protégées ont été créées en métropole et dans les outre-mer. La France a ainsi aujourd'hui environ 20 % de ses zones marines côtières placées sous statut d’aires marines protégées.
• Elle s’est engagée dans différentes dynamiques internationales comme la coalition internationale « Stop aux déchets plastiques » ou encore l’Alliance d’initiatives Océan et Climat.

A côté de ces actions gouvernementales, les initiatives d'acteurs privés restent essentielles pour une amélioration rapide de la situation. Deux des associations partenaires de canB centrent leurs actions sur la dépollution des océans.

Les actions menées par les associations partenaires de canB

Wings of the Ocean et Gaia First ont pour mission de lutter contre la pollution des océans.

Afin de traiter à la fois les causes et les conséquences, l'association Wings of the Ocean agit sur trois axes :

• La dépollution : depuis sa création en 2018, Wings of the Ocean a effectué plus de 700 dépollutions océaniques en mer, sur les littoraux et de façon décentralisée sur le territoire français et européen. Grâce aux nombreux bénévoles mobilisés, ce sont ainsi près de 100 000 tonnes de déchets qui ont pu être ramassés !
• La sensibilisation : l’association réalise des interventions régulières, notamment auprès des enfants, dans les différentes escales : visites des navires, ateliers, stands, conférences et présentations sur des thèmes variés (impact de l’Homme sur l’océan, les nouvelles techniques pour consommer de façon responsable, comment recycler ses objets du quotidien), etc. Ces actions de sensibilisation passent également par une prise de parole médiatique (télévision et réseaux sociaux).
• La recherche de solutions pour réduire la pollution à la source, en accompagnant les entreprises à baisser leur production de plastique, en travaillant avec les pouvoirs publics pour réduire la pollution présente sur leurs territoires et en constituant un réseau de partenaires de la revalorisation afin de donner une seconde vie aux déchets.

Gaia First réalise également des campagnes de dépollution et de sensibilisation.

Pour mener ses campagnes de nettoyage à grande échelle, Gaia First a mis en place un partenariat avec deux entreprises, RINA et BREEZE, pour concevoir un navire qui collecte les déchets de l'océan et les convertit en énergie hydrogène via un système de gazéification. L’objectif est que l’hydrogène produit soit ensuite utilisé pour alimenter à la fois le bateau et le système lui-même. Une véritable usine de nettoyage des océans, flottante et auto-alimentée, que l'on a hâte de voir naviguer pour nettoyer nos océans !

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Sources :

La pollution des océans : définition, causes, et conséquences

La pollution plastique

Organisation Mondiale pour la Protection de l’Environnement

L'agenda 2030 en France - ODD14