La blockchain, technologie innovante de stockage et de transmission des informations, pourrait s'avérer plus vertueuse que les systèmes informatiques actuels. Comment pourra-t-elle révolutionner l'univers financier ?
L'univers du web 3.0 est perçu comme un univers opaque, qui autorise une spéculation sans limites. La chute récente de l'empire FTX et du cours des cryptomonnaies illustre le risque lié à ces valeurs volatiles quand elles ne sont pas contrôlées. L'essor considérable du web 3.0 en matière de finance, avec le processus de tokenisation (représentation d'actifs réels dans le monde digital), ouvre la porte à des dérives qui peuvent cependant être empêchées par la réglementation qui se renforce tous les mois. Une régulation de ce marché s'avère indispensable et l’Union européenne est d’ailleurs à la pointe du sujet via la réglementation MiCA (Markets in Crypto-assets).
Il est en fait très probable que l'avènement de la blockchain (ou chaîne de blocs) engendrera un nouvel âge d'or dans le monde de l'investissement responsable. Car que manque-t-il pour favoriser l’essor de la finance durable ? Traçabilité, transparence et liquidité. Or c’est justement ce que cette nouvelle technologie apporte. Elle constitue une réelle opportunité pour transformer en profondeur nos systèmes d'échanges et leurs multiples déclinaisons. Elle est susceptible de servir la cause des droits de l'individu, ainsi que des valeurs de l'économie sociale et solidaire.
Décentralisation, démocratisation, collaboration, sécurisation : tels sont les mots-clés et les promesses de la blockchain. On peut définir ce nouvel outil numérique comme un cahier de comptabilité cryptographié, dont le principe est l'hébergement de la base de données par tous ses utilisateurs. Les informations, distribuées sur des milliers d'ordinateurs, ne sont donc pas entre les mains d'une personne en particulier. Cette décentralisation sécurise le processus en rendant plus difficiles les opérations de piratage.
Concrètement, la blockchain permet à tout internaute d'investir directement dans des actifs financiers tokenisés, ce qui signifie que chacun peut convertir en jetons numériques les droits qui se rattachent aux actifs engagés. Ce réseau de données présente de nombreux avantages. Tout d'abord, il limite le nombre d'intermédiaires financiers (banque notamment), puisqu'il suffit à l'internaute d'entrer ses informations dans un système, ces données étant ensuite vérifiées par des outils cryptographiés. Et s’il y a moins d’intermédiaires, il y a moins de frais, donc un meilleur rendement versé au particulier...
D'autre part, il démocratise l'usage d'opérations réservées aujourd'hui à un milieu averti, car il abaisse considérablement le seuil d’entrée. En redonnant au client un statut d'acteur, la blockchain est susceptible de satisfaire les aspirations des nouvelles générations d'investisseurs, attirées par ces approches innovantes rétablissant le lien de confiance.
La blockchain s’appuie sur les "smart contracts" (contrats intelligents), des programmes qui automatisent les opérations avec des règles claires et prédéfinies. Les transactions automatisées évitent de perdre du temps avec la constitution de dossiers et la vérification des données. Autre avantage : dans certains pays, telles que les anciennes colonies françaises régies par le franc CFA, les économies pourraient être moins impactées par la dépendance monétaire, compte tenu d'une monnaie décentralisée et autocontrôlée par ses règles prédéfinies.
La blockchain peut s'appliquer autant au domaine public que privé. Les utilisateurs d'une blockchain publique peuvent avoir accès à toutes les transactions, mais celles-ci restent infalsifiables, puisque le piratage d'un bloc invaliderait tous les autres. Dans une blockchain privée, l'accès est restreint par des codes d’accès, mais les principes de décentralisation minimisent également le risque de falsification.
Cette démarche d'investissement actif devient aujourd'hui une nécessité pour permettre aux entreprises de relever les grands défis actuels que sont l'accélération digitale et la transition écologique. Mais, pour que les valeurs portées par cette nouvelle approche ne remettent pas en cause le modèle issu de l'économie sociale et solidaire, celle-ci doit à tout prix s'approprier ces nouveaux outils pour les intégrer dans un modèle économique citoyen, social et durable. La blockchain pourrait ainsi se mettre, notamment, au service de la valorisation du travail lié au commerce équitable.